Privilege 6 : le tour du monde en première classe

Il y a plusieurs et diverses façons de construire un catamaran destiné aux longues navigations mais, dès sa naissance, Privilege Marine a développé sa propre et reconnaissable manière, basée sur trois piliers auxquels il ne déroge jamais: confort, sécurité et solidité.

Fondé en 1985 par le célèbre créateur de la Vendée Globe, Philippe Jeantot, le chantier construit, aujourd’hui qu’à l’époque et avec la collaboration de ses propres clients, des catamarans entièrement personnalisés, où l’attention aux détails et le niveau des finitions déterminent, dès le moment du lancement, la naissance de véritables chefs-d’œuvre.

Vous pouvez donc bien comprendre comment l’opportunité de naviguer à bord de ces « Stradivarius de la mer » n’arrive pas fréquemment et comment, dès l’occasion s’est présentée, je n’ai pas hésité à prendre un avion pour atteindre le Privilege 6 qui m’attendait à Palme de Majorque.

Ce qui suit n’est pas seulement un essai en mer mais il est aussi le rapport d’une traversée où il devient indéniablement clair qu’on peut naviguer en tout confort même dans des conditions qui seraient clairement « inconfortables » pour tous les autres moyens.

L’essai du Privilege 6

Je parcours à pied les derniers mètre qui me séparent du stand de Privilege Marine au Salon Nautique International de Palme. C’est le dernier jour d’exposition et le salon est encore bondé mais le Privilege 6 n’a pas de mal à se faire remarquer. 20 mètres de long et plus de 9 mètres de large, il capture le regard des visiteurs avec sa beauté effrontée.

Tandis que je suis perdu dans ses réflexions, on me présente à l’équipage avec lequel je vais vivre cette traversée. Bernard Lemaignen et Manon Letribot sont un couple avec une longue expérience dans le commande et la gestion quotidienne des grands catamarans, acquise pendant leurs navigations autour du monde.

Bernard Lemaignen

Nous nous asseyons et nous parlons de la météo pour la traversée, un vent de nord-ouest assez fort va arriver mais notre départ est liée par la sortie d’autres bateaux, ce qui n’arrivera pas avant du matin suivant. On m’assigne la cabine VIP de la coque de gauche qui, en réalité, est un microloft d’un hôtel cinq étoiles, équipé de salle de bain et compartiment de douche séparé.

Le lendemain matin, il fait 12-13 degrés dehors. Nous jettons un dernier regard aux prévision météo et après, avec beaucoup d’attention, nous larguons les amarres et, vers 11 heures, nous quittons le dédale de bittes et cordages d’amarrage qui sont tendus tout autour de nous.

 

Hors du port, nous sommes accueillis par un bon vent frais, donc nous ne procédons qu’à moteur en naviguant entre 8 et 9 nœuds sur une mer assez agitée, dont la houle tend à augmenter tandis que nous quittons Palme. Pendant que nous naviguons, nous sommes dépassés par une paire de navettes de 25-30 mètres de long qui, probablement en route pour la Costa Brava, tanguent manifestement en soulevant des hauts mustaches d’écume lorsque leurs proues rencontrent les vagues.

Passer des monocoques aux multicoques nécessite quelques heures pour que le « pied marin » puisse s’adapter au mouvement du bateau. Oui, dans ces conditions, les catamarans aussi roulent et tanguent mais d’une façon différente, plus douce et progréssive.

Notre Privilege 6 est pensé pour offrir une circulation à bord bien aisée et en toute sécurité; la batayole et les mains-courantes sont exactement là où ils devraient être et j’ai tout le temps de m’adapter au nouveau mouvement lorsque je passe de la proue à la poupe en toute tranquillité sur une mer qui, si nous n’étions pas sur ce catamaran, m’aurait déjà obligé d’être beacoup plus prudent.

Deux heures et demie de navigation nous conduisent à naviguer entre Punta Negra et Sa Dragonera; à partir d’ici, il sera haute mer jusqu’à Barcelone. Le vent souffle plus à l’ouest, le vent réel a une direction de 35 dégrés et nous décidons d’ouvrir le foc pour gagner un peu de vitesse. L’opération est effectuée rapidement depuis le flybridge et, avec le foc issé, le catamaran prend presque 2 nœuds.

Bernard arrête l’un de deux moteurs, je lui demande pourquoi et il m’explique que cela est l’une des possibles allures des catamarans. Le vent réel souffle à 12/14 nœuds et nous naviguons tant à voile qu’à moteur (un seul moteur, à vrai dire) à peu plus de 9 nœuds, en utilisant seulement 10 l/h sur un catamaran de 20 mètres de long qui pèse 28 tonnes…

L’état de la mer est maintenant caractérisé par des vagues d’un mètre et demi de haut provenant de bâbord, ce qui semble suggérer une possible rotation ou intensification du vent. Mais il n’est que 14 heures et, étant donné que notre ETA prévoit notre arrivée à 3 heures du matin du lendemain, Bernand établi des postes de 2 heures pour chaque membre de l’équipage. Je lui demande de me montrer les paramètres d’alarme des deux Yanmar de 110 chevaux je fais le premier la première garde.

Bernand et Manon vont dormir et, une fois resté seul, je comprends que j’ai gagné leur confiance.

Pour mon premier tour de garde je choisis le Fly, le soleil chauffe l’air et, bien qu’il fait froit et il y a du vent, je n’ai plus froid maintenant. Naviguer sur ce catamaran augmente considérablement les niveaux de confort et de sécurité perçus même dans ces conditions qui seraient certainement difficile pour tout autre bateau.

Mon tour de garde se termine sans problèmes et Bernand arrive à l’heure à me relayer. Je n’ai pas sommeil et je reste encore un peu à bavarder avec lui tandis que Manon dort encore. Bernand me raconte qu’il fait de la voile depuis son enfance mais qu’il a commencé à naviguer réellement seulement à 20 ans quand il a appris qu’on cherchait des équipages pour des transferts. Deux jours plus tard, il a quitté Les Sables d’Olonne sous la neige pour s’embarquer. Il n’a jamais débarqué, il a continué de naviguer entre l’Écosse et la Polynésie Française, sous les ordres du même capitaine. Ensuite, il est devenu un marin, un capitaine et, enfin, il a commencé de livrer les catamarans autour du monde, en s’occupant de la formation des équipages pour les propriétaires.

Oui,parce que le procès de livraison d’un Privilege Marine n’est pas quelque chose de courant, il inclut ça, ainsi qu’une période de « tuning » du bateau jusqu’à la complète satisfaction du propriétaire.

Je suis fatigué et je décide d’aller dormir. Je vais au pont inférieur et, dès que je pose ma tête sur l’oreiller, je m’endorme tout de suite.

Un mouvement qui sorte de l’ordinaire et une étrange nouvelle stabilité me réveillent. Je pense que je viens de m’endormir mais un coup d’œil à ma montre me dévoile que j’ai dormi presque deux heures. Je me lève et je monte sur le pont, où Bernand est sur le point de hisser la grand-voile. Un coup d’œil aux instruments de bord confirme que le vent a changé de direction et qu’il souffle à 15-16 nœuds avec une direction de 60 degrés maintenant, ce qui est une allure parfaite pour notre catamaran.

Le plan de voilure que le propriétaire a choisi pour ce Privilege 6 est assez réduit, le foc ressemble à un yankee et la grand-voile n’est pas la square top traditionnelle à laquelle nous sommes habitués sur ce type de catamarans. Cependant, nous arrêtons le moteur et, dès que la grand-voile est hissée, le Privilege se stabilise et commence à accélérer. La vitesse touche 9 nœuds tandis qu’un sourire béat, typique de tous ceux qui aiment faire de la voile, apparaît sur nos visages.

Les dauphins saluent nos proues plusieurs fois tandis que le soleil commence à se coucher et le spectacle qui se présente devant nos yeaux s’annonce mémorable. Je décide de risquer et, donc, je sors le drone du sac de l’équipement, en promettant d’atterrir avec une bonne réserve de batterie.

Quand le soleil atteint la ligne de l’horizon, je lance mon drone tandis que le vent et la mer, peut-être par hasard, peut-être par respect pour la beauté du moment, décident de se calmer et, pendant que nous naviguons entre 6 et 7 nœuds, je lance mon drone et je filme ces merveilleuses séquences.

 

Nous remettons l’un des deux moteurs en marche pour gagner de la vitesse tandis que Manon prépare le dîner. La dinette du Privilege 6 est énorme et très belle. À l’intérieur, la sensation de sécurité est amplifiée et tout ce qui se passe à l’extérieur arrive feutré. Pendant que nous mangeons, la nuit remplace le jour, le vent et la mer se renforcent, le vent réel souffle à 19-20 nœuds. Juste le temps de ranger les assiettes et les verres et nous les vagues aussi arrivent hautes et longue depuis notre travers.

Nous montons sur le fly, nous éteignons le moteur et réglons les voiles; avec le vent au travers et le vent frais, le Privilege 6 court vite, avec une vitesse moyenne de 10 nœuds. Nous rentrons dans la dinette, abaissons les lumières ds instruments et nous profitons de la navigation à la voile. Encore 40 milles nous séparent de Barcelone et le vent et la mar continuer d’augmenter.

Bernard se répose dans la dinette tandis que Manon et moi, nous sommes de garde. Les vitrages de la dinette nous donnent une vision périmétrique complète et nous pouvons conduire le bateau d’ici, en effectuant nos corrections de route depuis le contrôle à distance du pilote automatique jusqu’à la table aux cartes. Il fait froid dehors, le bateau tague beacoup mais d’ici… d’ici on peut faire le tour du monde en première classe, même en présence d’une houle de 2 mètres de haut, comme dans ce moment-ci.

Manon est un bon officiel en second et elle sait tout faire à bord. Donc, elle rédige le journal de bord et contrôle les instruments de bord à intervalles réguliers. Elle et Bernand se sont connus pendant une saison à bord d’un Privilege 615 et, depuis ce moment-là, ils vivent et travaillent ensemble. Sympas et compétents, ils sont l’un des meilleurs équipage que je n’ai jamais rencontré.

Si le vent continuait d’augmenter, nous serions obligés de régler la grand-voile. Contrairement aux monocoques, sur un catamaran la réduction des voiles ne s’effectue pas en fonction du déparage mais selon les indications fournies par le chantier.

Notre tour de garde pase rapidement, entre un coup d’œil à l’horizon et un autre à l’instrument du vent qui, heureusement pour nous, se stabilise aux alentours des 20-22 nœuds, ce qui nous permet d’éviter la réduction de la voilure. Sous les rafales, nous naviguons à une vitesse de 11 nœuds et je suis vraiment stupéfait par les coques du Privilege 6 qui montre une certaine prédisposition naturelle à surfer.

Bernand me relaye et je vais dormir. Encore une fois, je suis réveillé par un nouveau changement d’allure. J’ajoute la veste de mon ciré au gilet et je sors, je monte sur le fly et je trouve Bernard marchant sur le bôme « park avenue » pour ranger la grand-voile dans le lazy bag.

Il est 2 heures du matin et il reste 7 milles avant d’arriver à Barcelone, le vent souffle à 6-7 nœuds sur la proue et notre traversée est sur le point de se terminer. Les deux moteurs nous poussent à une vitesse de 8,5 nœuds  sur une mer peu agitée/presque calme. Bernand me laisse à la barre et descend dans le pont inférieur.

Le trafic de navires et de navires de pêche devant Barcelone est étonnant et le radar illumine beaucoup de navires à l’ancre. Je parcours avec beaucoup d’attention cette zone maritime et, à environ une mille et demie du port, je commence à décélérer. Nous amarrons sans assistance près le quai extérieur d’un chantier. Bernand prépare les cordages et, après, me relaye à la barre. Manon et moi « tapissons » le bord de la coque de tribord avec des pare-chocs tandis que nous nous approchons au quai, en l’illuminant avec nos torches.

Je saut de la proue et je passe une ligne autour d’une bitte d’amarrage. Manon a déjà attrapé la bitte de poupe. Bernand me donne deux amarres perpendiculaires, je les fixe et le bateau est finalement amarré.

Il est 3 heures passées et nous bavardons encore dans le cockpit, aucun d’entre nous semble vouloir aller dormir. Les émotions de cette magnifique traversée sont encore dans mes yeux et dans mon esprit.

Naviguer à bord de ce bateau est une expérience unique même pour ceux qui, comme moi, passent la plupart de l’année à naviguer et essayer beaucoup de bateaux. Ce catamaran a la capacité de transformer les milles en our plaisir de navigation.

C’est pourquoi, lorsque de descend sdans ma cabine, je ne puis pas heureux de devoir la laisser le lendemain matin.

 

Description du Privilege 6

 

En dépit de ce que son nom semble suggérer, le Privilege 6 n’est pas un bateau de 60 pieds de long. Au contraire, il a une longueur de flottaison de 64 pieds et une longueur hors-tout de plus de 20 mètres.

Issu d’une collaboration entre Marc Lombard et Franck Darnet, le design de ce catamaran permet de réaliser une vue d’ensemble de rare beauté, ce qui n’arrive très souvent à bord des catamarans de croisière qui, le plus souvent, finissent par rassembler à des cubes flottant sur l’eau.

Sur le Privilege 6, au contraire, les coques sont caractérisées par un bord libre très haut et sont combinés à un rouf apparemment bas, aérodynamique et sinueux qui, grâce au design des vitrages latéraux, donne à la vue latérale du catamaran un look de coupé sportif en cachant la présence d’un flybridge qui s’étend jusqu’à la proue avec une légèreté infinie.

 

Le cockpit est grand et très protégé, avec un placard bar et des canapés latéraux. Grâce à un système de portes vitrées coulissantes, le salon et le cockpit créent un environnement unique de 50 mètres carrés, où le propriétaire et ses invités peuvent prendre un cocktail ou le dîner en tout confort, à l’ancre ou en navigation.

Dans cette version, la coque de gauche est dédiée à la cabine propriétaire qui, positionnée à l’avant, profite de l’éspace surélevé central du catamaran. Le résultat est une suite énorme équipée de dressing et tout ce qui peut servir au confort du propriétaire. Chaque extrémité de la coque accueille une cabine VIP, pour un total de 3 cabines, toutes équipée avec un grand lit, salle de bain privée et compartiment de douche séparé. La cabine du marin se trouve à l’avant.

Au-delà des espaces, ce qui frappe le plus à bord d’un Privilege est le niveau – très haut – des finitions. Cuirs tissés à la main et essences précieuses suggèrent la qualité de construction et l’attention au détail de ce bateau. La même attention est visible dans l’ingénierie et positionnement des systèmes de bord.

 

Doté de deux générateurs, un dessalinisateur et une énorme réserve de carburant, ce bateau a une autonomie remarquable et pourrait naviguer pour mois sans escales techniques. Positionnée dans la coque de droite, la cuisine offre une très bonne capacité de stockage et peut être utilisée aisément même dans les conditions les plus difficiles.

 

 

Enfin, n’oublions pas que nous parlons d’un catamaran personnalisé presque totalement selon les exigences du propriétaire; cela signifie qu’on peut modifier les systèmes, les agencements et l’organisation des espaces, ce qui est une nouvelle épreuve de la grande attention au détail et aux exigences des clients.

Le Privilege Série 6 est offert au prix de 2,5 millions d’euros mais, si l’on considère qu’il inclut tout ce qu’on peut imaginer, y compris les systèmes de bord, le mât en carbone, le bôme park avenue, tous les dispositifs électroniques et un tender motorisé par un moteur hors-bord, on peut dire que le prix est correct et bien proportionné à la qualité de construction que nous venons de décrire.

 

Privilege 6 – Fiche technique

Longueur de flottaison 64′ 19,50 m
Bau 30′ 9,20 m
Tirant d’eau 6’2″ 1,85 m
Déplacement à sec 62,400 lbs 28,3 T
Déplacement à pleine charge 81,600 lbs 37 T
Capacité Carburant 2 x 264 Gal 2 x 1000 L
Capacité Eau Douce 2 x 171 Gal 2 x 650 L
Capacité Eaux Noires 2 x 39 Gal 2 x 150 L
Cabines doubles 4 4
Compartiments de douche séparés 4 4
Catégorie EC Category A CE Category A
Moteur diesel in-bord 2 x 110 HP
Grand-Voile 1421 Sq. Ft. 132 m²
Genoa 947 Sq. Ft. 88 m²
Trinquette 334 Sq. Ft. 31 m²
Gennaker 2153 Sq. Ft. 200 m²
Longueur du mât 89’5″ 27,30 m

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Luca D'Ambrosio

Editor-in-Chief and Journalist. With more than 30 years spent in the publishing industry and 20 sailing and racing with his boats Luca have a very deep working nautical knowledge.

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